Jeudi 24 Avril 2025
Dans une première sans précédent dans le domaine de la robotique, vingt et un robots humanoïdes ont participé, durant le week-end, au semi-marathon de Yizhuang, situé dans la périphérie de Pékin, aux côtés de milliers de participants humains. Cette démonstration publique, qui revêt un caractère à la fois technologique et politique, s'inscrit pleinement dans la stratégie nationale de la Chine, qui ambitionne de devenir le leader mondial de la robotique humanoïde d'ici à 2027.
Une démonstration technologique et stratégique.

Bien plus qu'une simple compétition sportive, cette course de 21,1 km a servi de terrain d'essai à grande échelle pour évaluer les capacités d'endurance, de déplacement et d'indépendance énergétique des robots humanoïdes développés par l'écosystème chinois. Pékin, qui investit massivement dans l'automatisation avancée, multiplie les mesures incitatives pour les acteurs du secteur, notamment par le biais de subventions, d'avantages fiscaux et de primes à l'innovation.
L'objectif de cette épreuve était clairement défini : il s'agissait de vérifier si les robots étaient capables de maintenir une vitesse minimale de 6 km/h sur la durée, ce qui correspondait à un temps limite initial de 3h30. Toutefois, face aux difficultés rencontrées pendant la course, les organisateurs ont décidé de repousser cette limite à 4h10.
Il est important de souligner que les robots n'étaient pas autonomes, mais étaient pilotés par leurs opérateurs.
Des performances mitigées.
Parmi les vingt et un robots engagés, seuls quatre ont réussi à franchir la ligne d'arrivée dans les délais impartis. Le plus performant d'entre eux, Tiangong Ultra, un robot humanoïde mesurant 1,75 m et pesant 52 kg, développé par le Human Robotics Innovation Center de Pékin, a terminé la course en 2h40'42", après avoir nécessité trois remplacements de batterie en cours de parcours.
Cette contrainte énergétique – la plupart des modèles actuels ne disposant pas de plus de deux heures d'autonomie – s'est avérée être un facteur limitant majeur. Plusieurs robots ont chuté, ont abandonné la course, ou ont été victimes de pannes spectaculaires, comme Shennong, qui s'est désarticulé après avoir heurté une barrière dès les premiers mètres.
Un parallèle avec les débuts de la voiture autonome.
Cet événement n'est pas sans rappeler les premières compétitions de véhicules autonomes organisées par la DARPA dans les années 2000. À cette époque, rares étaient les participants qui parvenaient à franchir la ligne d'arrivée, mais ces démonstrations ont marqué un tournant décisif dans l'essor de la conduite autonome. Le semi-marathon de Pékin pourrait jouer un rôle similaire pour la robotique humanoïde.
Une course industrielle et géopolitique.
Alors que les États-Unis et le Japon concentrent leurs efforts sur la robotique industrielle et les grands modèles d'IA générative, la Chine semble vouloir associer ces deux dynamiques, en misant sur des robots humanoïdes capables de s'adapter à des environnements complexes et variés.
Il ne s'agit donc pas d'un simple duel symbolique entre l'homme et la machine, mais bien d'une compétition entre les nations et les entreprises pour se positionner sur un marché stratégique en devenir.